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Y a-t-il un bon usage de l'erreur ?

Y a-t-il un bon usage de l'erreur ? Sujets / La raison et le réel / La théorie et l'expérience /

Un début de problématisation ...

    Y a-t-il un bon usage de nos erreurs ?

Problème : on considère souvent l’erreur comme quelque chose de négatif. Mais peuvent-elles être perçues de manière positive ? Que nous apprennent nos erreurs ?

Pistes à suivre :
q Il serait bon de revenir au pyrrhonisme, sous ses diverses formes, afin de déterminer dans quelle mesure on peut dire que nos erreurs nous apprennent quelque chose.
0 Le texte de la morale par provision articule le problème de la pratique à celui de notre ignorance théorique : comment agir le mieux possible en dépit de notre ignorance ? Descartes, Discours de la méthode, III.
q À propos de l'imagination comme source de nos erreurs, Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement.
q On pensera à l'analyse de l'idée que dans toute erreur il y a quelque chose de vrai, dans Hegel, La Phénoménologie de l'esprit, Préface.
q Le paradoxe devrait tenir une place à part dans cette étude. On pourra se référer à Willard Van Orman Quine, The Ways of Paradox and Other Essays, New York, Random House, 1966.
q Voir également Philippe de Rouilhan, Frege. Les paradoxes de la représentation, éditions de Minuit, Paris, 1988, tout particulièrement le chapitre I, « Logicisme et logique », à propos de l'intuition et de son élimination.
On se référera, pour la lecture de Popper, à l'ouvrage d'Alain Boyer, Introduction à la lecture de Karl Popper, Presses de l'École Normale Supérieure, Paris, 1994.
A savoir :distinction faute et erreur
L'erreur et la faute nous renvoient à la thématique de l'échec, de la conduite qui aurait dû aboutir et qui n'a pas donné les résultats que nous escomptions. Pourtant ce fond commun semble en même temps être très limité, dans la mesure où chacun de ces termes a un emploi très strict et dans la mesure où ils semblent se partager les domaines de la théorie et de la pratique. En outre, l'erreur nous renvoie à ce qui est involontaire, tandis que la faute porte en elle un jugement moral beaucoup plus strict et affirmé.
Nous partirons donc de l'idée de ce partage fonctionnel entre ces deux notions, afin d'en éprouver la validité. Car une détermination qui paraît aussi tranchée risque de ne pas tenir toutes les promesses qui sont les siennes. Pou¬vons-nous, de façon aussi tranchée, distinguer par exemple entre le volontaire, la faute, et l'involontaire, l'erreur ? Il y aurait, dans cette distinction, une simplification telle de notre analyse que nous pouvons nous demander s'il n'y a pas des rapports plus complexes à mettre en oeuvre, à savoir, rechercher peut-être la part de faute qu'il peut y avoir dans toute erreur, ou bien rechercher la part d'erreur qu'il peut y avoir dans la faute. Bien évidemment, la façon dont nous redistribuerons les cartes entre ces deux concepts renforcera ou atténuera la responsabilité de l'homme vis-à-vis de ses échecs, puisque tel est le fond commun que nous avons posé comme point de départ.
I. UN PARTAGE IMpOSSIble
Les tenues semblent à la limite trop bien répartis entre les notions d'erreur et de faute. On parlera d'erreur dans le domaine de la connaissance, et de faute dans le domaine de la pratique, au sens où une conduite peut être condamnée moralement. Mais nous sommes d'emblée appelés à nuancer ces distinctions. Il y a bien une manière condamnable moralement de réfléchir, car la science suppose l'appartenance à une communauté scientifique' dans laquelle certaines règles sont à respecter. Et d'un autre côté, on peut sans difficulté employer le terme d'erreur dans le domaine de l'action, dans la mesure où cette impropriété de notre conduite, cette inadaptation de ce que nous faisons au projet que nous avions en tête ne cause pas de tort à autrui. Mais nous prenons ici l'action dans la perspective que propose à son sujet une définition instrumentale de la raison, qui est par exemple celle de Hume2.
1. Il apparaît ainsi que la distinction stricte entre l'erreur et la faute renvoie à un arrière-plan philosophique dont nous ne pouvons pas accepter de faire l'écono¬mie. Il y a trop de non-dit dans une telle distinction pour que nous puissions Hume, Traité de la nature humaine, I, II, 16.

conserver comme telle. Trouverons-nous des bases plus solides si nous tentons de l'asseoir sur la distinction entre le volontaire et l'involontaire ? Il semble en effet possible d'affirmer que toute erreur est involontaire, qu'elle relève de la distraction, ou du manque d'information dans lequel nous nous trouvions, tandis que la faute repose sur nos épaules et demande que nous prenions éventuelle¬ment nos responsabilités.
Encore une fois, les choses risquent de se compliquer, car nous pouvons par exemple nous demander si, dans la distraction, dans l'inattention, dans le juge¬ment qui ne repose pas sur des bases suffisamment fermes, il faut en effet voir une simple erreur ou à proprement parler une faute. Nous savons que Descartes traite dans la même Méditation du thème de l'erreur et du thème de la liberté', faisant ainsi se rejoindre le thème de la connaissance et celui de la pratique. Or, dans la mesure où je suis d'autant plus libre que j'ai plus de raisons de me décider à agir comme je le fais, mais aussi de me décider à juger comme je le fais, puisque le jugement est affaire de décision, ne pourrait-on pas dire que l'erreur de jugement est une faute ? De sorte qu'à nouveau les ternies se brouillent, puisque la volonté intervient également dans le domaine de la science, et qu'à ce titre, nous ne pouvons pas rejeter l'erreur dans le domaine de l'involontaire. Il y a un usage tel de ma volonté que je peux être sûr de ne jamais me tromper, et je suis donc responsable de mes erreurs, qui sont au fond des fautes.
2. Karl Popper, La Connaissance objective, trad. C. Bastyns, éditions Complexe, Bruxelles, 1985.
3. Hume, Traité de la nature humaine, I, II, 16.
. UNE EXCLUSIVE
Nous en arrivons donc à l'idée que, en dépit de ce partage tellement clair que nous avons voulu lire au début de cette analyse, il faut reconnaître que ces deux concepts d'erreur et de faute sont exclusifs l'un de l'autre en un sens très fort. Entendons par là non pas simplement qu'une erreur n'est pas une faute, ni une faute une erreur, mais que, de deux choses l'une, ou bien il n'y a que des erreurs, ou bien il n'y a que des fautes. C'est donc notre rapport même à l'échec, à l'inadéquation de notre conduite ou de notre réflexion que nous devons interroger pour comprendre les rapports de ces concepts. Ou bien nous nous jugeons responsables de nos erreurs, et alors nous savons comment les éviter, mais alors elles sont des fautes et non pas de simples erreurs, ou bien nous considérons que nos fautes sont involontaires et dans ce cas, elles. ne sont que des erreurs.
Dans ce balancement entre les deux solutions contraires, nous suivons en définitive un balancement entre Platon et Descartes. Si pour Descartes l'erreur est une faute dont nous sommes entièrement responsables et dans laquelle Dieu n'intervient pas, non plus qu'un malin génie, nous trouvons dans Platon un rapport inverse entre ces deux concepts2. Pour Platon, en effet, la faute morale est involontaire et doit donc, en fonction de la distribution que nous avons posée dans l'introduction entre le volontaire et l'involontaire, être considérée comme une simple erreur. Socrate ne montre-t-il pas que toutes les actions que nous accomplissons, nous les accomplissons seulement en fonction de ce que nous croyons être le bien ? Il se peut bien sûr que nous nous trompions, que, croyant poursuivre un bien, nous accomplissions des actions nuisibles et injustes, mais il faut croire que nos fautes se rattachent à une mauvaise conception du bien qu'il faudrait corriger. Si nous ne commettions pas d'erreur sur ce que nous cherchons comme bien, nous ne commettrions pas de fautes. En dernière analyse, nos fautes ne sont donc rien d'autre que des erreurs.
Il reste à comprendre les conséquences d'un tel partage et la façon dont nous pouvons à nouveau faire fonctionner des concepts que nous avons quelque peu perdus pour le moment.
LA RESpONSAbiliTÉ
C'est en définitive à une question de responsabilité que nous sommes renvoyés, et c'est ce concept qui nous fournira la clef de la distinction entre l'erreur et la faute, qui en restaurera l'efficacité. Car au fond, le jugement moral qui est
porté sur la faute est plus complexe à élaborer qu'il n'a pu le paraître au premier abord. Nous pensons ici au texte particulièrement lourd de conséquences de la philosophie pratique kantienne, qui affirme que nous sommes responsables des mauvaises conséquences de nos actions contraires au devoir. Dès lors, si je décide de mentir pour sauver un ami d'une arrestation que je considère comme injuste, et s'il se fait arrêter par un concours de circonstances malheureux — il peut s'être échappé, pensant que je dirai la vérité je suis responsable de son
arrestation. J'en porte toute la responsabilité sur mes épaules. Il ne faut pas considérer que j'ai commis une erreur d'appréciation, tout comme lui en a commis une, et que cet enchaînement de coïncidences malheureuses ne me serait pas imputable. Il n'y a tout simplement pas de coïncidences malheureuses. J'ai com¬mis une faute, en contrevenant au devoir de véracité, et ma responsabilité est donc entièrement engagée par ma faute.
La théorie de Kant repose en effet sur une complète transparence de la pra¬tique à la théorie, et sur une simplicité de mise en application de la théorie telle qu'il m'est impossible de commettre des erreurs2. La faute est donc ce qui me rend responsable des conséquences de mon acte, ce qui les rattache à mon action comme à leur cause effective, quand bien même à aucun moment je ne les aurais voulues comme telles. Ainsi tout ce qui arrive de mal dans le monde, et pour quoi nous pouvons remonter jusqu'à nous comme détonateurs de ce qui est advenu, est-il notre faute. Certes, la doctrine kantienne est sur point d'une redoutable rigueur, mais elle nous donne en même temps la clef de la distinction entre l'erreur et la faute. Je dois rendre compte de mesfautes ;mes. erreurs ne regardent que moi. Preuve eh est que cette erreur d'inattention par excellence, peut devenir une faute pénale. Le seul critère semble donc être empirique et pratique.
1. Kant, Introduction générale à la métaphysique des mœurs, IV, Remarque.
2. Kant, Critique de la raison pratique, I, 1, 7.


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Citations sur Y a-t-il un bon usage de l'erreur ? :

puce L'erreur est la règle ; la vérité est l'accident de l'erreur. - Georges Duhamel
puce C'est par l'expérience de l'erreur que nous arrivons à l'idée positive de vérité. La vérité ne se manifeste que par son opposition à une erreur préalable. - Wahl
puce En logique il s'agit de lois nécessaires, non de lois contingentes, non de la façon dont nous pensons, mais de la façon dont nous devons penser. Les règles de la logique doivent donc être dérivées non de l'usage contingent, mais de l'usage nécessaire de l'entendement, que l'on trouve en soi même sans aucune psychologie. - Kant
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puce La vie, Bien agiter avant l'usage. - Miguel de Unamuno