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Un être vivant peut-il être assimilé à une machine?

Un être vivant peut-il être assimilé à une machine? Sujets / La raison et le réel / Le vivant, l'animal /

Un début de problématisation ...

    • Un être vivant peut-il être assimilé à une machine?

PROBLEME : Le sujet propose l'application d'une problématique des plus classiques (le vivant se ramène-t-il à la machine ?) à un domaine spécifique (celui de la pratique médicale). Il s'agit alors de montrer comment cette application fait surgir les enjeux éthiques de cette comparaison, mais aussi comment elle permet de renouveler la question des rapports entre le vivant et la machine.
Même face à une question sensible, il faut savoir se garder de l'unilatéralité : il s'agit de parvenir à être attentif en même temps à ce qui fait la pertinence et la force d'une comparaison, et à ce qu'elle risque de mas¬quer ou d'occulter, donc à ce qui fait qu'elle n'est qu'une comparaison et non une identification pure et simple. Mener à bien une comparaison, c'est prendre la mesure des ressemblances, mais aussi des différences, entre les termes à comparer.
Les êtres vivants sont-ils comparables à des machines ?
I. La ressemblance morphologique entre les animaux vertébrés et les machines articulées suggère la comparaison.
II. Mais le rapport entre les parties et le tout n'est pas de même nature : les machines sont fabriquées par assemblage de parties, les vivants engendrés comme un tout organique.
Ce sont plutôt les machines, conçues par les hommes pour suppléer aux organes ou aux êtres vivants, qu'il convient de comparer au vivant qui en est le modèle.
TEXTES :
« Je suppose que le Corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de terre, que Dieu forme tout exprès, pour la rendre la plus semblable à nous qu'il est possible : en sorte que, non seulement il lui donne au dehors la couleur et la figure de tous nos membres, mais aussi qu'il met au dedans toutes les pièces qui sont requises pour faire qu'elle marche, qu'elle mange, qu'elle respire, et enfin qu'elle imite toutes celles de nos fonctions qui peuvent être imaginées procéder de la matière, et ne dépendre que de la disposition des organes.
Nous voyons des horloges, des fontaines artificielles, des moulins et autres semblables machines, qui n'étant faites que par des hommes, ne laissent pas d'avoir la force de se mouvoir d'elles-mêmes en plusieurs diverses façons ; et il me semble que je ne saurais imaginer tant de sortes de mouvements en celle-ci, que je suppose être faite des mains de Dieu, ni lui attribuer tant d'artifice, que vous n'ayez sujet de penser, qu'il y en peut avoir encore davantage. »
Descartes, Le Traité de l'Homme, 1664, La Pléiade, p. 807.

a) Situation du texte. Descartes étudie l'homme, et pour ce, voulant travailler le corps, use d'une fiction : l'automate. Pour mieux en comprendre le fonctionnement, il use de métaphores avec usages de modèles mécaniques. Nous assistons à une démonstration valorisant de façon ultime le modèle rationnel pour comprendre le vivant mais, paradoxalement, en mettant entre parenthèses, la vie.
b) Mouvement du texte.
• let moment (----> « [...] disposition des organes ») : étude du vocabulaire. Il s'agit d'une fiction (je suppose) qui ne se contente pas de présenter une mécanique (machine de terre) mais rêve d'une apparence artistique (couleur et figure des membres). Nous voici devant un automate.
Cette fabrication implique une rivalité té pouvoir entre Dieu (pour le Corps) et l'homme (pour les machines merveilleuses). Le savant joue donc ici à être Dieu.
On distingue le dehors du dedans, tout en faisant référence au visible. Noter l'importance accordée aux « pièces requises pour faire qu'elle marche » ce qui implique une analyse décomposant en éléments le corps à la manière des rouages d'une machine. Le terme de fonction ne renvoie pas à une opération chimique mais à une « disposition » ou engrenage d'organes.
• 2e moment (de « Nous voyons des horloges [...] » jusqu'à la fin) : le modèle mécanique et non la vie. Le problème est le mouvement. Il réclame autonomie « machine [...] se mouvoir d'elles-mêmes » et combinaison (diverses façons). Le modèle d'étude sera donc inspiré des dessins d'anatomie, relevés à partir des dissections où on met en relief les articulations du squelette, où les fonctions vitales sont réduites à des mouvements répétitifs et physiques. La référence à l'horloge, à la fontaine artificielle met l'accent sur la perfection de la répétition et surtout sur la finesse de la mécanique des rouages internes. C'est le début de l'Homme-machine.
c) Conclusion. L'obstacle à la connaissance : la technique. Certes, la recherche du vivant est axée sur l'étude du mouvement. Mais le modèle technique implique répétition impeccable, hors du temps, sans imprévu, sans échange avec l'extérieur. Monde clos contraire à la notion de vie. C'est le pouvoir du « maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la méthode, chap. VI) et non une attention à l'élan créateur du vital.

Georges Canguilhem (1904-1995)
Georges Canguilhem, médecin et philosophe, s'interroge dans son livre Le Normal et le Pathologique sur la signification de ces deux termes en médecine. Il fait remarquer, après Bichat, que parler d'une « physique » ou d'une « mécanique pathologiques » n'aurait aucun sens. Si la biologie — contrairement aux autres sciences de la nature — peut se doubler d'une médecine, c'est bien parce que la notion de loi n'a pas le même sens, pour les êtres vivants, que pour l'ob¬jet de la physique ou de la chimie. La norme, en biologie, est ce dont les êtres vivants peuvent toujours s'écarter, ce qui justifie l'intervention thérapeutique comme tentative d'opérer un retour à la norme. Cependant, tout écart par rapport à une norme n'est pas en lui-même pathologique. Toute espèce admet une marge de variation qui lui permet de se modifier et de s'adapter lorsque le milieu vient à changer. L'anomalie — écart par rapport à la norme — est donc en elle-même neutre, et non pas indexée d'une connotation négative. Ce n'est que dans le rapport du vivant à son milieu qu'une simple anomalie peut devenir pathologie. C'est dans la mesure où l'écart qu'il présente par rapport à la norme de l'espèce le rend incapable de s'adapter au milieu qui est le sien que cet écart peut être revêtu d'une signification patholo¬gique. C'est donc la vie elle-même et elle seule qui juge, en opérant une sélection, de la valeur positive, novatrice, ou au contraire régressive — pathologique — d'une anomalie. Et ce jugement de la vie passe par l'évaluation du patient lui-même. Valere, en latin, « avoir de la valeur », signifie d'abord se bien porter. N'est donc pathologique que ce qui est vécu et perçu comme tel par le patient concerné : la maladie consiste dans l'incapacité ou la difficulté ressenties de s'adapter aux exigences des milieux dans lesquels nous sommes appelés à vivre. C'est donc en dernière analyse la demande du patient qui fonde seule la pertinence de l'acte thérapeutique par lequel le médecin tente de rétablir la « santé ».
Déontologie Ensemble des devoirs qui orientent et des règles qui encadrent l'action d'un homme dans l'exercice de sa profession.
Heuristique Est heuristique une affirmation, une hypo¬thèse ou une comparaison qui rend possible ou favo¬rise une découverte, sans que cette affirmation ou cette hypothèse soient elles-mêmes nécessairement vraies ou vérifiées.
Paradigme La fonction d'un paradigme consiste à déga¬ger, à partir d'un objet relativement simple, une struc¬ture qui se retrouvera dans un objet plus complexe et permettra de le rendre intelligible.
Vicariance La vicariance désigne chez les êtres vivants la faculté pour certains organes de se substituer à d'autres organes défaillants pour assurer à leur place la fonction qui leur est normalement dévolue.


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Citations sur Un être vivant peut-il être assimilé à une machine? :

puce Vivre, ce n'est pas seulement satisfaire aux besoins matériels des organes, c'est aussi, plus encore peut-être, être conscient de la dignité humaine ; c'est ne compter que sur soi et se donner aux autres ; c'est être fort ; c'est être bon. - Jules Verne
puce Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant. - Victor Hugo
puce Le partenaire idéal propre à "remplir" les aspirations de l'amour jaloux ne peut être qu'un partenaire imaginaire... Un être réel ne peut être actuellement possédé en totalité; il ne se donne que par "facettes" dans des "présentations" auxquelles le tout de son existence passée, présente et future constitue un horizon représenté. - Lagache
puce Nous nous imaginons que l'amour a pour objet un être qui peut être couché devant nous, enfermé dans un corps. Hélas, il est l'extension de cet être à tous les points de l'espace et du temps que cet être a occupé et occupera. - Marcel Proust
puce Peut-être cet ouvrage est-il trop long : toute plaisanterie doit être courte, et même le sérieux devrait bien être court aussi. - Francois-Marie Arouet