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ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ?

ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ? Sujets / Le sujet / Le désir /

Un début de problématisation ...

    AUTRUI
Autrui, c'est d'abord l'autre, le différent. Mais l'altérité* ne suffit pas à caractériser autrui. Car s'il est autre que moi, il est aussi et en même temps mon semblable. Il est alter ego, c'est-à-dire un autre moi et un autre que moi. Autrui est donc à la fois le même et l'autre. Prendre en compte la dimension d'autrui dans la réflexion philosophique signifie, dès lors, s'interroger sur cette double structure du même et de l'autre, du sujet* et de l'objet*, essentiellement réversible. La philosophie classique n'a guère tenu compte de cette dimension. Descartes*, par exemple, fait du Cogito, ergo sum la première certitude atteinte par et dans une conscience seule. La conscience de soi est ici première et ne passe pas par l'autre, dont l'existence est d'ailleurs provisoirement mise en doute. C'est seulement avec Hegel* qu'autrui apparaît comme essentiel à la constitution même de la conscience de soi.
-L'intersubjectivité et le dialogue
Le conflit renvoie au face à face de deux consciences, d'où le monde est écarté, comme référence commune. Et pourtant, je partage ce monde avec autrui. Ce monde partagé, ce monde commun, c'est celui de l'intersubjectivité et du dialogue. Le dialogue* constitue par conséquent une forme essentielle du rapport à autrui, comme le souligne la phénoménologie, et notamment Merleau-Ponty* (Phénoménologie de la perception). Occupant sur ce monde un point de vue qui lui est propre, et par définition différent du mien, autrui donne au monde épaisseur et relief. À travers le dialogue, j'accède à un univers de sens distinct du mien, que je comprends cependant. Cet échange ne signifie pourtant pas que les points de vue soient interchangeables, ou que la distance entre autrui et moi-même puisse être abolie. Au contraire, l'écart subsiste nécessairement, et l'altérité de l'autre ne saurait disparaître. Le rêve de fusion ou de communion est un rêve sans doute séduisant, mais dangereux. Car dans la fusion, autrui disparaît en tant que tel, et, avec lui, l'obligation morale et la responsabilité.
-Autrui, source de l'exigence morale
Au-delà de la sympathie, du dialogue, comme au-delà du conflit, autrui est celui qui m'oblige au respect. Le respect que je dois à autrui -et qui s'oppose également à l'amour et à l'indifférence- s'inscrit dans la juste distance qui m'en sépare. Ce n'est ni le "On" de l'indifférence, ni le "Nous" de l'amour qui caractérise la relation à autrui. Mais c'est le "Tu" qui me requiert et exige que je réponde. Faisant d'autrui le centre de sa réflexion, le philosophe contemporain Emmanuel Levinas* s'est attaché à montrer comment le visage* d'autrui porte le commandement de l'interdiction de la violence*, le "Tu ne tueras point". Autrui est, avant tout, celui qui fait naître en moi l'exigence éthique*.

Article à lire

L'amour est-il manque ou plénitude?
par André Comte-Sponville

Aimer, c'est s'attacher, et s'attacher, c'est souffrir. Dans ces conditions, comment concevoir uil amour heureux?

Roland Barthes le remarquait déjà: l'amour est un,sujet plus obscène, pour nos contemporains, que le sexe. Plus dérangeant. Plus intime. Plus difficile à dire, à montrer, à penser. Disons que la sexualité est devenue une espèce de règle, à laquelle il faut bien se soumettre. L'amour serait plutôt une exception. La sexualité fait partie de notre santé. L'amour serait plutôt une maladie, en tout cas un trouble. La sexualité est une force. L'amour serait plutôt une faiblesse, une fragilité, une blessure. La sexualité est une évidence; l'amour, un problème ou un mystère. On peut douter, même, de son existence ou, à tout le moins, de sa vérité: et si ce n'était qu'un rêve, qu'une illusion, qu'un mensonge? S'il n'y avait partout que le sexe et l'égoïsme? Si tout le reste n'était que littérature? Si l'amour n'existait, comme le suggérait déjà La Rochefoucauld, que pour autant qu'on en parle?
Cela, toutefois, ne serait pas rien, puisqu'on en parle en effet, puisqu'on ne cesse d'en parler. Et puisque l'égoïsme est un amour encore -c'est l'amour de soi-, dont on ne peut guère contester l'existence ni la force. Si nous ne nous aimions nous-mêmes, comment pourrions-nous nous préférer, comme il est clair que nous faisons presque toujours, et pourquoi voudrions-nous être aimés?
Puis il y a nos enfants: si nous ne les aimions pas, aurions-nous peur à ce point?
Puis il y a nos amis: quand bien même nous ne les aimerions que pour nous, ce qui est en effet concevable, ils n'en seraient pas moins plus précieux à nos yeux que nos ennemis, que nous détestons, ou que ceux, innombrables, qu nous sont indifférents. Il faut donc que l'amour ne soit pas rien, puisqu'il introduit au moins, dans nos relations, cette différence-là: entre ceux qui nous sont chers, comme on dit et ceux qui ne nous sont rien.
Puis il y a tous ces amours qui nous encombrent, dont on ne saurait pour cela contester l'existence: l'amour de l'argent, du pouvoir, de la gloire...
Puis ceux qui nous réjouissent: l'amour de la bonne chair du plaisir, de la vie... Que vaudrait le sexe, même, si nous ne l'aimions pas?
On dira qu'il s'agit d'amours très differents, qu'on ne peut pas mettre sur le même plan l'amour que nous avons pour un objet (par exemple pour un mets ou un vin) et celui que nous ressentons pour un sujet, qui seul serait amour véritablement... Peut-être. Mais enfin on ne peut les distinguer qu'à la condition de les comparer d'abord. Et puis le langage me donne raison, dans la plupart des langues: "L'amant, disait Platon, aime l'enfant comme un plat dont il veut se rassasier, ou comme le loup aime l'agneau..." Et Nietzsche, pou se moquer de l'amour du prochain: "Comment l'aigle n'aimerait-il pas l'agneau, à la chair si délectable?"
Je prends l'amour dans son extension maximale, et j'essaie de comprendre ce qu'il est. J'aime le vin et la bière, Mozart et Vermeer, les femmes et cette femme... Quoi de commun entre ces différents amours? Un certain plaisir que j'en attends ou que j'y trouve, une certaine joie, voire, parfois comme un bonheur possible. Aimer, c'est pouvoir jouir ou se réjouir de quelque chose ou de quelqu'un. C'est donc aussi pouvoir souffrir, puisque plaisir et joie dépendent ici, par définition, d'un objet extérieur, qui peut être présent ou absent, se donner ou se refuser... "Pour un objet qui n'est pas aimé, écrit Spinoza, il ne naîtra point de querelle; nous serons sans tristesse s'il vient à périr, sans jalousie s'il tombe en la possession d'un autre, sans crainte, sans haine, sans trouble de l'âme..." Nous en sommes loin, et c'est dire assez que l'amour nous tient comme nous tenons à l'amour. Si nous n'aimions rien, ni nous-mêmes, notre vie serait plus tranquille qu'elle n'est. Mais c'est qu'aussi nous serions déjà morts.
On ne peut vivre sans amour, explique Spinoza, puisque c'est l'amour qui fait vivre: "En raison de la faiblesse de notre nature, sans quelque chose dont nous jouissions, à quai nous soyons unis et par quoi nous soyons fortifiés, nous ne pourrions exister." L'amour est une puissance -puissance de jouir et de se réjouir- mais limitée. C'est pourquoi il marque aussi notre faiblesse, notre fragilité, notre finitude. Pouvoir jouir et pouvoir souffrir vont ensemble, comme la joie et la tristesse, et c'est ce que signifie l'amour: que nous sommes voués à l'instabilité, à l'espoir et à la crainte, à la jouissance et au manque, enfin au tragique et à l'insatisfaction. Une issue? Il faudrait n'aimer que Dieu ou que tout, ce qui revient au même, et c'est ce que Spinoza appelle la sagesse. Mais qui en est capable?
Qu'est-ce que l'amour? Spinoza donne cet belle définition: "L'amour est une joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure." Aimer, c'est se jouir de. Mais si la cause fait défaut? Alors il ne reste que le chagrin ou le manque.
C'est où l'on peut penser le rapport entre deux définitions de l'amour, qui dominent toute l'histoire de la philosophie. Il y a celle de Spinoza, qui était déjà celle, pour l'essentiel, d'Aristote: "Aimer, disait ce dernier, c'est se réjouir." Et puis il y a celle de Platon, qui semble dire tout le contraire. L'amour, pour Platon, n'est pas d'abord une joie. L'amour est manque, frustration, souffrance: "Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour." Ce sont deux amours différents, que les Grecs désignaient par deux mots différents: philia, pour la joie d'aimer, et éros, pour le manque. L'amitié, si l'on veut, et la passion (le manque dévorant de l'autre). On aurait tort pourtant de les opposer trop strictement, trop simplement. La plupart de nos histoires d'amour mêlent l'un et l'autre de ces deux sentiments, et au fond c'est heureux: puisque nous sommes voués au manque, par la finitude, et puisque la joie seule nous conforte ou nous comble... Le sexe, par exemple, peut se vivre dans le manque autant que dans la joie, et même, quand tout va à peu près bien, il ne cesse de nous accompagner de l'un à l'autre, de l'autre à l'un, c'est en quoi il nous ressemble ou ressemble à l'amour, c'est en quoi nous lui ressemblons quand nous aimons...
Le manque et la joie, éros et philia, n'en sont pas moins différents l'un de l'autre. Éros est premier, bien sûr, puisque le manque est premier: voyez le nouveau-né qui cherche le sein, qui pleure quand on le lui retire... C'est l'amour qui prend, l'amour qui veut posséder et garder, l'amour égoïste, l'amour passionnel, et toute passion dévore. Je t'aime: je te veux. Comment cet amour-là serait-il heureux? If faut aimer ce qu'on n'a pas, et souffrir de ce manque; ou bien avoir ce qui ne manque plus (puisqu'on l'a) et qu'on aime dès lors de moins en moins (puisqu'on ne sait aimer que ce qui manque). Souffrance de la passion, ennui des couples. Ou bien il faut aimer autrement: non plus dans le manque mais dans la joie, non plus dans la passion mais dans l'action -non plus chez Platon mais chez Spinoza. Je t'aime: je suis joyeux que tu existes. Tout couple heureux, et il y en a tout de même quelques-uns, est une réfutation du platonisme.
Éros, c'est le manque et la passion amoureuse: c'est l'amour qui prend ou veut prendre. Philia, c'est la puissance et la joie redoublées par celles de l'autre: c'est l'amour qui se réjouit et partage.
Regardez la mère et l'enfant. L'enfant prend le sein: c'est éros, l'amour qui prend, et c'est la vie même. Et la mère donne le sein: c'est philia, l'amour qui donne, grâce à quoi tout continue et change. Car la mère a été un enfant d'abord: elle a commencé par prendre, comme tout le monde. Mais elle a appris à donner, au moins à ses enfants, et c'est ce qu'on appelle un adulte. Au début il n'y a qu'éros (il n'y a que ça, comme dit Freud), et sans doute on n'en sort pas: chacun commence par prendre et n'en a jamais fini. Mais enfin il s'agit d'apprendre à donner, au moins un peu, au moins parfois, au moins à ceux que nous aimons, à ceux qui nous font du bien ou nous réjouissent...
C'est encore de l'égoïsme? Sans doute, et pourquoi non? Comment pourrions-nous aimer quoi que ce soit si nous ne nous aimions nous-mêmes? On ne sort pas du principe de plaisir: il s'agit toujours de jouir le plus possible, de souffrir le moins possible... Ce n'est pas la même chose pourtant de ne jouir que de ce qu'on prend, ou bien de savoir jouir, parfois, de ce qu'on donne ou partage...
Donner sans prendre? Se réjouir sans vouloir posséder ni garder? Ce serait philia libérée d'éros, ce serait l'amour libéré du moi, la joie libérée du manque, et c'est ce que les premiers chrétiens -quand il fallut traduire en grec le message du Christ- ont appelé agapè, qu'on peut traduire indifféremment par amour ou par charité. C'est l'amour libéré de l'ego, et pour cela sans frontière, sans rivage, sans limite... Que nous en soyons capables, j'en doute fort. Mais enfin cela indique au moins une direction, qui est celle de l'amour: l'amour n'est pas le contraire de l'égoïsme; c'est son effet, son débouché -comme un fleuve se jette dans la mer-, enfin son remède ou, comme dirait Spinoza, son salut.
Vas-tu passer toute ta vie à chercher un sein, ou à vouloir le garder, ou à le regretter, quand il y a un monde entier à aimer?
On n'aime jamais trop. On aime mal et petitement.


AMOUR: disposition favorable de l'affectivité et de la volonté à l'égard de ce qui est senti ou reconnu comme bon; mouvement de l’évotion qui porte vers une divinité, un idéal, une autre personne ; sentiment intense entre deux personnes, englobant la tendresse et l'attirance physique; goût très marqué, passion pour quelque chose.

Problème : Désirer, c'est ressentir un manque. Le désir est donc privation, gêne. Mais il est aussi la source du plaisir. Comment gérer cet état instable et complexe qui consiste à désirer ce qui a du prix pour autrui ?


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Citations sur ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ? :

puce Ainsi la honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables. Mais du même coup, j'ai besoin d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être, le Pour-soi renvoie au Pour-autrui. - Jean-Paul Sartre
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