Pouvons-nous retourner à la nature ?

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Un début de problématisation ...

    Introduction :

La prise de conscience progressive de la nécessité d’une qualité de vie accrue, sa déception toujours possible et souvent réelle, débouche fréquemment sur des discours naturalistes qui affirment l’urgence et le bien fondé d’un retour à la nature. Ces discours, répandus il y a trente ans, reviennent à la mode, soutenus et entretenus par le secteur commercial qui y voit le moyen de proposer une alternative spécieuse et savamment calculée à la vie moderne.
Retourner à la nature (ou à une vie naturelle, ce qui est une expression analogue, en dépit de quelques différences à étudier) est une expression surdéterminée et qui contient une idéologie faussement naturaliste dont les présuppositions sont les suivantes : la vie moderne n’est pas naturelle, puisqu’on nous exhorte à retourner à une vie naturelle ; ce qui n’est pas naturel est nocif, parasitaire, associé aux maux les plus divers ; retourner à la nature suppose une simple décision : celle de réformer notre mode de vie et de consommation, bref, se situer différemment dans la société et à l’égard de la société dite de consommation...voire, pour autant que cela soit possible, sortir de la cité humaine et vivre selon la nature considérée dès lors comme le modèle de toute élaboration de notre humanité.
Or, une réflexion objective met en évidence le caractère éminemment problématique de cette expression. En effet, et ce sont les problèmes auxquels nous allons consacrer notre examen, si la vie humaine est essentiellement sociale, comment pourrions-nous retourner à la nature alors que jamais nous n’avons été des êtres seulement naturels ? Une tradition philosophique (héritée d’Aristote)fait de la vie sociale humaine une vie essentiellement politique, à savoir en essence politique, cette essence étant l’accomplissement de la nature de l’homme, différente de la nature animale. Une autre tradition fait de l’humanité un mouvement en rupture avec la nature (Rousseau, Hobbes…). Mais dans ces deux cas, l’homme est social : qu’il y ait continuité entre nature et cité ou rupture, l’idée d’un retour à la nature n’a peut-être pas de sens.
Comment penser cette notion d’un retour à la nature ? Cela a-t-il d’ailleurs un sens ?

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Citations sur Pouvons-nous retourner à la nature ? :

Ainsi le sublime n'est contenu en aucune chose de la nature, mais seulement en notre esprit, dans la mesure où nous pouvons devenir conscients d'être supérieurs à la nature en nous, et, ce faisant, à la nature en dehors de nous... - Kant
Qu'est-ce qui dépend le plus de notre volonté? Il semble que ce soit nos pensées, nos désirs, nos sentiments. Mais non. Ce sont nos actes ... nous pouvons contraindre nos membres quand nous ne pouvons fixer nos pensées. - Blondel
La vraie question morale... est celle de savoir si nous n'avons qu'une nature ou si nous en avons deux. Si nous n'avons qu'une nature... la tâche de la morale est bien simple: elle consiste à laisser cette nature poursuivre ses fins. Mais si la pensée constitue en nous une seconde nature, supérieure, en valeur et en dignité, à notre nature animale la possibilité du devoir apparaît aussitôt... - Jules Lachelier
Nous pouvons tous quelque chose, et le roi sourit du pouvoir du ministre, et le ministre, du pouvoir du journaliste, et le journaliste, du pouvoir de l'agent, et celui-ci, du pouvoir de la domestique, et celle-ci de la femme du samedi et le dimanche ... nous entendons le prêtre nous dire que nous ne pouvons rien... Nous prenons chacun notre place suivant notre pouvoir dans la société. - Soren Aabye Kierkegaard
Comment prétendons-nous qu'un autre garde notre secret, si nous ne pouvons le garder nous-mêmes ? - Francois de La Rochefoucauld