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La tradition est-elle un obstacle à la modernité?

La tradition est-elle un obstacle à la modernité? Sujets / Français / Litterature / Divers /

Un début de problématisation ...

    Problème : querelle des anciens et des modernes.

MODERNE: art de vivre et attitude mesurée des hommes capables de se délivrer des préjugés et des craintes qui hantent le commun des mortels: sérénité et bonheur durable auxquels de tels hommes peuvent prétendre. "Par la sagesse, on n'entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme petit savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts". Cette définition de Descartes* résume la conception antique de la sagesse -attitude pratique procédant d'une "parfaite" connaissance théorique- en même temps qu'elle en représente l'une des dernières formulations significatives en Occident. En effet, un idéal aussi élevé n'est plus accessible ni même concevable à partir du XVII^e siècle. Les stoïciens et les épicuriens pensaient encore que la connaissance de la nature et la volonté* de régler nos désirs sur l'ordre du monde pouvaient garantir une vie bonne et heureuse. Mais l'extension et la multiplication des sciences, ainsi que la prise de conscience du caractère relatif et précaire de notre savoir obligent à reconsidérer un projet aussi ambitieux -voire surhumain. Sans doute tout idéal éthique n'est-il pas caduc pour autant ("On peut être homme sans être savant", écrit Rousseau*): mais il doit se limiter tout en se réformant. Pour Kant*, la sagesse renvoie à une exigence de perfection qui engage la possibilité d'un progrès indéfini vers la pureté de l'intention. Pour le philosophe contemporain Paul Ricoeur*, la "sagesse pratique" constitue un dépassement à la fois de l'éthique* (la visée de la vie bonne) et de la morale* (l'obligation sous la forme de normes impératives). Elle procède d'une méditation sur la place inévitable du conflit dans la vie morale et relève du "tact" du jugement en situation. Aujourd'hui, confronté à des cas de conscience inédits, le "sage", par ailleurs, n'est plus un homme seul. Essentiellement "intersubjective", la sagesse pratique se manifestera comme "sollicitude critique, respect* et souci de l'autre, en particulier dans les situations hasardeuses engendrées aujourd'hui par les nouveaux pouvoirs de l'homme (cf. Bioéthique et Hans Jonas).
UNIVERSAUX (QUERELLE DES) Les universaux sont des termes désignant des catégories générales (ou des concepts): ainsi, par exemple, l'humanité ou la santé. La philosophie médiévale se demandait si ces catégories générales existaient réellement (comme les choses tangibles), ou bien si elles n'étaient que des symboles* conventionnels: des "voix" comme on le disait à l'époque. Pour les réalistes (Duns Scot, 1270-1308; cf. Réalisme), les universaux sont présents dans les choses, même s'ils se distinguent d'elles "formellement". Pour Guillaume d'Occam*, seul ce qui est singulier existe, et les universaux ne sont que des "termes qui prennent la place des choses" dans nos énoncés. Un universel n'est pas une "substance" mais un "prédicat", ou encore une "intention" de l'âme. Le nominaliste Jean Buridan (1300-1366; cf. Âne de Buridan) distingue différentes formes d'universaux, affirmant que certains ne renvoient plus du tout aux choses elles-mêmes, mais exclusivement à la manière dont on les perçoit. Cf. Nominalisme. CORRÉLATS: absolu; beau; devoir; droit; éthique; morale; nécessaire; particulier; raison; relativisme.
NOMINALISME (n. m.) ÉTYM.: latin nomen, "nom". PHILOSOPHIE: théorie selon laquelle "il n'y a rien d'universel dans le monde en dehors des dénominations, car les choses nommées sont toutes individuelles et singulières (Hobbes). Le nominalisme s'est développé à partir du Moyen Âge et de Guillaume d'Occam" (XIV^e siècle). Il constitue une réponse aux problèmes des universaux*: y-a-t-il des réalités universelles correspondant aux mots généraux dont nous nous servons ("homme", "beauté", "chien"...)? Certains philosophes, soutenant ce qu'on peut appeler un "réalisme de la signification", répondent en effet par l'affirmative: si la beauté est un nom qui a une signification générale, alors, quelque chose comme la "beauté en soi" ou l'"essence de la beauté" existe dans la réalité. Cela conduisit Platon*, par exemple, à affirmer l'existence d'un monde intelligible*. Au même problème, le nominalisme donne une réponse inverse: les noms ne sont que des étiquettes grâce auxquelles nous pouvons nous représenter des classes d'individus; les idées générales n'ont pas un objet général: ce sont des abstractions obtenues au moyen du langage. Le nominalisme permet ainsi une critique radicale des entités métaphysiques et fut surtout défendu par des philosophies empiristes (cf. Berkeley, Hume, Condillac; Empirisme) et positivistes (cf. Cercle de Vienne et Positivisme). CORRÉLATS: empirisme; individu; langage; positivisme; rasoir d'Occam; universel (querelle des Universaux).

La thématique de la Querelle en philosophie au XXe siècle
C'est le philosophe Leo Strauss qui réactive dans la période contemporaine la thématique de la Querelle des Anciens et des Modernes, en l'utilisant pour souligner la différence entre l'expérience de la vie politique des Anciens et l'expérience des Modernes, expérience qui s'enracine dans la colère anti-théologique de Machiavel et de Hobbes, pour s'épanouir dans les nouvelles conceptions de la liberté issues du mouvement des Lumières. Un des acteurs fondamentaux de cette querelle dans les temps modernes est Jean-Jacques Rousseau.
La querelle des Classiques et des Modernes oppose deux courants :
• les Classiques menés par Boileau, soutenaient une conception très particulière de la création littéraire, comme simple imitation des auteurs de l’Antiquité ; cette thèse était fondée sur l’idée que l’Antiquité grecque et romaine avait atteint une fois pour toutes la perfection artistique. Le choix par Racine pour ses tragédies de sujets antiques déjà traités par les tragédiens grecs illustre cette conception de la littérature respectueuse de la règle des trois unités et de la bienséance (entre autres) élaborée par les poètes classiques à partir de la Poétique d’Aristote.
• les Modernes, représentés par Charles Perrault qui soutenait le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV, affirmaient au contraire que les auteurs de l’Antiquité n’étaient pas indépassables, et que la création littéraire devait innover ; ils prônaient une littérature adaptée à l’époque contemporaine et des formes artistiques nouvelles.
Du moins, tel est le débat manifeste. Sous l'apparent progressisme des Modernes se cachent aussi des enjeux de pouvoir. Boileau était proche de Port Royal. En défendant les Anciens, il défendait, au nom de la diversité des héritages, des marges de liberté dans la République des lettres pour parler comme Fumaroli. Alors que les Modernes sont pris d'une sorte de fureur "normalisatrice". Fumaroli : "tout au long de la Querelle, qu'il s'agisse d'Euripide ou d'Homère, ce sont sous Louis XIV les Anciens qui admettent ce qu'il y a de vif, de déconcertant, de déchirant dans la représentation de la vie humaine par les poètes antiques, tandis que les Modernes sont favorables à des conventions morales et esthétiques uniformes et confortables."[1]
Historique
Une première querelle - italienne - des Classiques et des Modernes éclate sous la Renaissance. Les Modernes sont alors antiscolastiques. La querelle italienne annonce la querelle française tout en étant différente. Fumaroli : "La première poursuit l'enquête comparative (la syncrisis, le paragone, la conférence) commencée par la Renaissance entre deux époques des lettres, des arts et des mœurs. Elle est le fait de lettrés qui se sentent plus enracinés dans la République des Lettres que dans aucun État contemporain. La comparaison entre Antiquité et Modernité est pour eux une condition de la liberté d'esprit. Il s'agit moins en Italie d'une Querelle que d'un championnat. La Querelle française en revanche est le fait d'hommes de lettres qui ont les yeux fixés sur leur roi; ils font ou feront partie de la constellation d'Académies domiciliant la République française des Lettres dans l'État royal. Au cœur de leur âpre débat, on n'est pas surpris de reconnaître qu'ils rivalisent à qui détient la meilleure méthode de louer leur roi."[2]
Perrault déclencha les hostilités le 27 janvier 1687 lorsqu’il présenta, à l’occasion d’une guérison de Louis XIV, à l’Académie française son poème Le siècle de Louis le Grand dans lequel il faisait l’éloge de l’époque de Louis XIV comme idéale tout en remettant en cause la fonction de modèle de l’Antiquité.
La docte Antiquité dans toute sa durée
À l’égal de nos jours ne fut point éclairée.
(Charles Perrault. Le siècle de Louis le Grand)
La sortie de Perrault provoqua une protestation immédiate de la part de Boileau. La polémique enfla avec la publication par Perrault des quatre volumes du Parallèle des anciens et des modernes à partir de 1688, où il attaque les Anciens en comparant dans un dialogue fictif les réalisations des Anciens avec les réalisations modernes dans presque tous les aspects de la vie humaine. La polémique tournait essentiellement autour de deux modèles esthétiques opposés : le principe de l’imitation orienté vers l’Antiquité comme idéal de beauté absolu et d’autre part le principe du génie de l’imagination qui puise son inspiration en lui-même.
La belle Antiquité fut toujours vénérable;
Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable.
Je voy les Anciens sans plier les genoux,
Ils sont grands, il est vray, mais hommes comme nous ;
Et l’on peut comparer sans craindre d’estre injuste,
Le Siecle de LOUIS au beau Siecle d’Auguste.
(Charles Perrault. Parallèle des anciens et des modernes en ce qui regarde les arts et les sciences)
Le Grand Arnauld dut s’entremettre pour réconcilier les parties et, le 30 août 1694, Perrault et Boileau s’embrassèrent en public à l’Académie française. La réaction du public de l’époque pourrait donner à penser que Perrault et son parti remportèrent la victoire dans cette polémique, mais il n’y eut pas de victoire nette, la querelle s’étant en quelque sorte épuisée.
Lumières
Le débat connut un renouveau dans la deuxième décennie du XVIIIe siècle avec la mise en vers, en 1714, par Houdar de la Motte – à une époque où Perrault et Boileau étaient déjà morts – d’une traduction de l’Iliade publiée par Anne Dacier en 1699, où il avait « corrigé » et raccourci l’original, accompagné d’une préface contenant un Discours sur Homère où il prend la défense des Modernes. Anne Dacier répliqua avec son Des causes de la corruption du goût où elle débat, dans une prolongation d’une discussion du troisième dialogue du Parallèle de Perrault, la question de la priorité de l’original ou d’une traduction.
Cette polémique, dans laquelle des auteurs aussi différents que Fénelon, l’abbé Terrasson et Jean Boivin intervinrent, s’acheva de même en 1716 avec une réconciliation personnelle des principaux acteurs. Elle est entrée dans l’histoire de la littérature sous le nom de Querelle d’Homère. Même avec l’épuisement du conflit, les répercussions de la querelle des Anciens et des Modernes ont continué de se faire sentir au cours du siècle des Lumières pour se poursuivre jusqu’à la querelle suscitée par le romantisme.
Marivaux fut un des représentants importants du courant moderne au début du XVIIIe siècle, en établissant un genre tout à fait nouveau de théâtre, inconnu des Anciens, avec la comédie larmoyante où la tragédie imminente était résolue avec des réconciliations et des flots de larmes.
La querelle des Anciens et des Modernes servit en fait de couverture, souvent pleine d’esprit, à des opinions opposées d’une portée beaucoup plus profonde. D’un côté, c’était l’idée même d’autorité qui était attaquée et de l’autre, le progrès. Le renouvellement de l’intérêt pour l’Antiquité à l’époque classique se traduisit par une réévaluation critique des acquis de l’Antiquité qui finit par soumettre les Écritures même à l’examen des Modernes. L’attaque de l’autorité en critique littéraire a eu des équivalences avec les progrès de la recherche scientifique. Le défi jeté à l’autorité par les Modernes dans le champ littéraire annonçait déjà les remises en question dont la politique et la religion allaient faire l’objet.
Prolongements
Déjà inscrite dans une plus longue tradition européenne de contestation de structures semblables (en particulier à la Renaissance, lorsque Galilée ridiculise l’autorité accordée à Aristote dans son Dialogue des deux systèmes du monde), la querelle des Anciens et des Modernes déclenchée par la polémique entre Perrault et Boileau a pareillement été rapidement reçue au-delà des frontières françaises et adaptée aux situations locales.
La Grande-Bretagne de l’époque prit la querelle des Anciens et des Modernes un peu moins sérieusement. William Temple prit le parti des Anciens dans son essai Essay upon the ancient and modern learning (Essai sur l’étude antique et moderne) (1690) en réaction à la Digression sur les Anciens et les Modernes (1688) de Fontenelle, qui reprend l'image selon laquelle « nous sommes des nains juchés sur des épaules de géant », image qui provoqua une avalanche de réponses. Le critique William Wotton, avec ses Reflections upon ancient and modern learning (Réflexions sur l’étude antique et moderne) (1694), le critique et classiciste Richard Bentley et Alexander Pope furent au nombre de ceux qui prirent le parti des Modernes à cette occasion. Bien que le débat ait été clos en Angleterre dès 1696, le sujet semble avoir stimulé l’imagination de Swift qui vit dans les camps opposés des Anciens et des Modernes un résumé de deux manières générales de regarder le monde, thème développé dans sa satire A Tale of a Tub (Conte du tonneau), composé entre 1694 et 1697 et publié en 1704, longtemps après la fin de la querelle en France. L’expression de « Bataille des Livres » vient de la satire publiée anonymement en 1704 par Swift, Full and True Account of the Battle fought last Friday between the Ancient and the Modern Books in St. James’s Library (Compte-rendu complet et véritable de la bataille survenue vendredi dernier entre les ouvrages antiques et modernes de la bibliothèque de St. James).
La querelle des Anciens et des Modernes a eu une version allemande avec la polémique touchant au merveilleux entre Johann Christoph Gottsched, Johann Jakob Bodmer et Johann Jakob Breitinger. Johann Joachim Winckelmann a également joué un rôle important dans l’acclimatation de la querelle dans le monde germanophone avec, en particulier ses Gedanken über die Nachahmung der Griechischen Werke in der Malerei und Bildhauer-Kunst (Pensées sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture) (1755). Vers la fin du XVIIIe siècle, la thématique de la querelle des Anciens et des Modernes apparaît avec Herder, Schiller et Schlegel.
La thématique de la Querelle en philosophie au XXe siècle
C'est le philosophe Leo Strauss qui réactive dans la période contemporaine la thématique de la Querelle des Anciens et des Modernes, en l'utilisant pour souligner la différence entre l'expérience de la vie politique des Anciens et l'expérience des Modernes, expérience qui s'enracine dans la colère anti-théologique de Machiavel et de Hobbes, pour s'épanouir dans les nouvelles conceptions de la liberté issues du mouvement des Lumières. Un des acteurs fondamentaux de cette querelle dans les temps modernes est Jean-Jacques Rousseau.



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Citations sur La tradition est-elle un obstacle à la modernité? :

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